La queue du lézard


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Categories : chroniques urbaines

Un homme que j’avais croisé plusieurs fois dans le métro est redevenu entier sous les yeux amusés de quelques contrôleurs. Depuis quelques moi, l’homme glissait au travers des rames automatiques, assis à même le sol, une jambe manquante. Son secret était pourtant loin d’être bien gardé. Probablement par négligence, c’était tant tôt la jambe droite, tant tôt la jambe gauche qu’il égarait.

Aujourd’hui, la situation était bien différente. J’étais sûrement sur ce quai un peu plus tard que les autres fois. Bien que toujours assis, l’homme l’était contre entre les bancs et les panneaux publicitaire plutôt qu’entre deux rangés de sièges. Sans même se préoccuper des quelques voyageurs qui le regardaient un peu étonnés, il enleva le coté vide de son pantalon. Comme par magie, son moignon se déplia pour laisser place à une jambe encore manquante quelques minutes plus tôt. Et telle la queue d’un lézard qu’on aurait attrapé il y a peu, un pied réapparu à l’extrémité de son pantalon. L’homme sorti un soulier de la poche intérieur de son manteau, l’enfila prestement et s’en alla en marchant, comme si de rien était.

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