Evernight – Ep. 08


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Présents : Catulla (X.O.), Hamilton Mc Cormak (Arnok), Locke (Bankace), Odel Razakar (Casa), Aelyn Sombre-Feuille (Chris)

Personnages impliqués : Reg, des monstres en veux-tu en voilà, des esclaves, des rats, des résistant et une pretresse badass de Solace.

Je me réveillais, l’estomac vrillé par la faim. Mes compagnons d’infortune se levèrent un à un. Surement moins épris de liberté que moi, ils semblaient mieux résister à l’asservissement. Les jours furent à l’image de ceux que nous vivions depuis notre arrivée à Port-Royal. Tous les matins, nous étions emmenés, enchainés, jusqu’au manoir des Galstaf, ou tout du moins ce qu’il en restait. Notre vie allait-elle se résumer à ça ? Déblayer les gravats de bâtiments à moitié détruits et déterrer toutes sortes d’objets de valeur, utiles à nos nouveaux maitres. J’étais à deux doigts de perdre la tête. Plusieurs fois, je me surpris à regarder en contrebas et à imaginer mon corps gisant dans une marre de sang. Mais être attachée à mes amis brisait toute velléité de me sortir de la situation de manière définitive. Le soir, le désespoir était tel que jamais il ne laissait pas sa place à la colère pourtant blottie tout au fond de moi.

La faim était notre quotidien. J’en fus au point de proposer à mes camarades de tester la consommation des rats en décomposition J’en fus bonne pour une série de vomissements qui épuisa le peu d’énergie qu’il me restait. Au moins, nous avions de l’eau à peu près potable. Cela nous permittrait de tenir un moment. Petit à petit, mon esprit retournait inexorablement à l’état sauvage. Je parlais de moins en moins. Mon corps se déplaçait seul sans que je ne contrôle rien. La douleur n’était plus devenue qu’une information parmi tant d’autres. Je ne fus même pas touchée quand nous découvrîmes le corps de Simon Rothleg, le crâne à moitié écrasé par une poutre. Le manoir fut ainsi vidé, plus rien ne restait sinon la pierre nue.

On nous fournit des pelles et des pioches. Alors que nous pensions notre travail terminé, on nous faisait maintenant démonter le manoir. Pierre par pierre, il allait être désossé. Plus aucune trace du passage des hommes dans cette ville n’allait rester. Heureusement, nous avions le droit de faire quelques pauses dans la journée. C’est ce moment d’accalmie que choisit Gralène pour poser une besace sur le sol. Je pouvais lire la pitié dans son regard. Il me fit signe de la tête pour m’inciter à lui faire confiance. Incapable de former le moindre raisonnement, je me contentais de tirer sur mes chaines pour atteindre le précieux paquet. La vue des quelques noix et fruits séchés qu’il contenait fit gronder mon estomac. Uniquement animée par mon instinct animal, je me précipitais sur cette nourriture providentielle. J’engloutis la moitié de ce que l’homme aux cheveux grisonnants nous avait offert. Ma conscience, enfin alimentée par un peu de sucre, refit surface. Je me rendis compte que mes compagnons en avaient eux aussi besoin. Je leur tendis le reste des noix et leur dis de manger, un peu désolée de ne pas avoir partagé. Ce fut les premiers mots que je prononçais depuis des jours.

Grâce à ce repas frugal, je repris un peu de mes forces. Mon cerveau fonctionnait à nouveau. Bien sûr, la faim était toujours là, prégnante. Mais j’avais retrouvé la volonté de parler et de comprendre ce qu’il se passait autour de nous.

— Merci. Comment vous avez trouvé ça ? demandais-je.
— J’ai réussi à cacher quelques petites choses lorsque nous avons déblayé les cuisines.
— Excusez-moi de vous déranger, est-ce que vous pourriez nous dire ce qu’il s’est passé exactement ? Nous n’avons rien vu, nous n’étions pas à Port-Royal.
— Et bien, il y a de ça quinze jours, ou peut-être moins, je sais plus, au milieu de la nuit, la terre s’est mise à trembler. Tout le monde à Port-Royal est sorti pour voir ce qu’il se passait. Le pic, la fumée, des arachnides sur des barques volantes. Ils sont passés par-dessus les fortifications en grimpant aux murs comme des insectes. On a rien pu faire. Depuis leurs engins, ils balançaient de grosses bombes de poudres qui explosaient et détruisaient tout. La plupart des gens capables de se battre sont morts, les autres ont été réduits en esclavage. Les plus faibles ont été emportés et mangés.
— Quoi ? Man-mangés ? dis-je en écarquillant les yeux. Et les vieux ? Et les enfants ?
— Oui, mangés. Ceux qui ne sont pas assez forts pour travailler, les enfants, les vieux, les faibles, servent de nourriture à ces saloperies, répondit Gralène en baissant la tête.

Je tombais à genou. Je me pris la tête dans les mains. Un mélange de profondes tristesses et de désir de vengeance me faisait alterner les sanglots inextinguibles et la rage qui se réveillait au fond de moi. Catulla semblait éprouver la même chose que moi. Je fixais Gralène d’un regard noir, je prenais conscience qu’en voulant sauver Tam, nous l’avions menée directement à la mort. Et tout ça était la faute de ces horribles envahisseurs. Le soir, je m’endormis avec la volonté ferme d’occire un par ceux qui avaient osé prendre la petite fille pour du gibier.

NNous fûmes brutalement éveillés par des bruits étranges. Des petits cris stridents percèrent le noir épais de la pièce. Hamilton appela Solace pour créer de la lumière. L’énergie de sa divinité fut immédiatement absorbée par les bracelets de ses menottes qui se mirent à luire suffisamment pour que je puisse voir une marée de rats, identique à celle que nous avions repoussée avec Bareena il n’y a pas si longtemps. Telle une vague inarrêtable, les rongeurs se précipitaient sur nous et commencèrent à nous mordre, à nous griffer. La porte de la cave s’ouvrit à la volée. Notre geôlier descendit l’escalier. Arrivé en bas, il se mit à piétiner les rats.

La rage de la veille explosa en moi. J’attrapais un des rongeurs, et je lui arrachais la tête avec les dents. Mue par le désir incontrôlable de vengeance, je bus son sang encore chaud giclant directement de son corps vers le fond ma gorge. J’étalais le reste du liquide rouge autour de ma bouche, de mes yeux, sur mon front et dans mes cheveux. Cat profita de la confusion pour tirer un grand coup sur la chaine et tenter de l’arracher du mur. L’anneau céda, mais la douleur vrilla notre crâne. Nous nous écroulâmes au sol, laissant le gardien terminer sa besogneuse chasse aux nuisibles.

Le monstre jaunâtre aux bras asymétriques saisit notre chaine et nous tira sans ménagement en dehors de la cave. Il nous força à nous aligner le long du mur de la maison où nous avions été emprisonnés. Nous n’étions apparemment pas les seuls à avoir été submergés par des vagues de rats. Cinq ou six groupes d’esclaves avaient, eux aussi, été regroupés dans la rue. Gralène faisait partie de l’un d’eux. Quatre gardiens nous observaient. Accompagné de deux arachnides, un maître habillé de cuir et armé d’un bâton ouvragé en métal noir s’approcha de l’un des prisonniers particulièrement amochés par les morsures. De ses mains griffues, il lui saisit le visage. Il le tourna à droite, puis à gauche, comme s’il vérifiait la qualité d’un cheval avant de l’acheter. Il se recula, visiblement déçu par l’état déplorable de la marchandise. Il saisit fermement son bâton et frappa le pauvre bougre au visage. L’esclave s’écroula. Le maître enleva sa capuche découvrant une tête bleutée. Là où un nez aurait dû se trouver, une trompe était enroulée. Il la déploya devant lui, elle se tendit jusqu’à ressembler à l’appendice d’un moustique. Sans la moindre hésitation, il l’enfonça dans la poitrine de l’homme qu’il venait de mettre au sol et, dans un ignoble bruit de succion, aspira ses entrailles. Le corps se flétrit ne ressemblant plus qu’à une vieille outre vide et fripée. Je ne pus m’empêcher de pousser un cri devant l’horreur de la scène.

Le maître se retourna brusquement. Je crus que j’avais attiré son attention jusqu’à ce que je vois une flèche plantée dans son épaule. Une seconde s’enfonça dans son torse. Dans le même temps, une boule de lumière se forma sur notre droite et explosa, emportant notre geôlier et assommant un autre des gardiens. Tout alla très vite. Des hommes en armure sortirent des ruelles et s’attaquèrent aux envahisseurs, un d’eux nous lança une paire de tenailles. Venue de nulle part, une prêtresse de Solace, d’un simple geste, nous redonna toute notre énergie. Hamilton coupa la chaine qui nous liait et fit tournoyer le boulet comme s’il s’agissait d’un fléau. Odel et Cat se libérèrent mutuellement. Reg, suivant l’exemple du chevalier de Solace, se précipita sur un des geôliers et tenta de lui fracasser le crâne avec son bout de chaine. Je brisais la chaine de mes menottes. Je récupérais l’arc d’un de nos libérateurs déjà tombé au combat et en criant le nom de Tam, j’envoyais mes flèches s’enfoncer dans la carapace de chitine des arachnides. Odel en envoya ses rayons de glace et recouvrit le maître d’une fine couverture de givre. Cat criant elle aussi à plein poumons, animée par une rage incommensurable, ramassa une épée et se précipita sur nos ennemis. Les esclavagistes n’étaient pas en reste, les gardiens flétrissaient les chairs d’un simple effleurement. Les arachnides coupaient les membres en brandissant leur multiple bras. Le mage lançait des flammes noires et des tornades de fumées. Tout ceci se passa en moins d’une minute. Ce fut la glace d’Odel qui mit fin aux combats éclair. Sa magie finit de consumer le maître alors que tous ses acolytes ou presque gisaient dans une marre de liquide noirâtre. Un seul en réchappa. Voyant qu’il était le seul resté debout, le gardien prit la fuite et disparu à l’angle d’une ruelle. Nous étions libres. Les résistants coupèrent les chaines des esclaves encore entravés. Ils nous prirent par le bras et nous poussèrent à nous éclipser à notre tour.

— Vite, il ne faut pas rester là, nous cria l’un des soldats.
— Nous avons peut-être retrouvé une partie de votre équipement, dit un autre. Suivez-nous !

Sans vraiment réfléchir, nous nous précipitâmes derrière eux. Ils nous firent courir dans les rues désertes de la capitale jusqu’à une grande maison dans laquelle était entassé tout un tas de matériel. Pressés par nos libérateurs, nous n’eûmes pas le loisir de retrouver tous nos effets personnels, mais le principal était que nous soyons libres. Nous emportâmes ce que nous pouvions porter et on nous conduisit jusqu’à l’entrée des égouts de la ville où, c’était certain, nous allions pouvoir prendre part à la résistance et venger Tam.

Episode 9

Dramatis Personae

Bareena est une aventurière dératisatrice. Les héros l’ont rencontrée dans les égouts de Port-Royal alors qu’elle était entrain de se débarrasser de nuées de rats. Ils l’ont aidée dans sa tâche. Elle connait Albian Galstaf et leur a indiqué où il était parti.

⚰️ Les héros ont rencontré Saler Falon alors qu’il gardait la palissade à Aragron. C’est un ancien chevalier rouge. Il a perdu son bras au court d’une aventure et a été soigné dans le village où il habite aujourd’hui. Son corps a été découvert dans la salle principale de l’auberge d’Aragon.

Jacob Galstaf est le premier commanditaire des héros. C’est un riche marchand d’épices, très proche de la noblesse de Port-Royal. Il a fait passer une annonce discrète à laquelle ils ont répondu.

⚰️ Trabian Galstaf est le fils de Jacob Galstaf. Il était membre des Cavaliers Écarlates. Les héros l’ont retrouvé mort dans d’anciennes ruines Sa-Karan. Il a vraisemblablement perdu la vie en combattant des espèces de tripodes arachnéens. Aelyn a récupéré sa chevalière portant les emblèmes de sa famille.

⚰️ Émile Keswraith est un prospecteur nain. Il a indiqué aux héros où se trouvait les ruines Sa-Karan qu’Albian Galstaf cherchait à explorer. Il a été trouvé mort à Aragron, gisant au coté du corps de Saler Falon.

⚰️ Simon Rothleg est le secrétaire particulier des Galstaf. C’est lui qui a expliqué au héros en quoi consistait leur première mission. Il semble désinvolte, souriant et avenant. Son corps a été retrouvé dans les gravas du manoir de ses anciens employeurs.

Jonasz Skulf tient le bar de la célèbre taverne de Port Royal l’Ombre du Roi.

⚰️ Ralugon est un nain à la réputation jovial. Il est le chef des Briseurs de Golem. Les héros l’ont croisé au début de leurs aventures alors qu’ils se rendaient à Aragron. Ils ont ensuite retrouvé son corps, à moitié dévoré au pied du pont enjambant la rivière non loin du village de bucheron. Aelyn a récupéré son anneau pour attester l’avoir trouvé. Un tumulus a été érigé en son honneur.

Reg est un brigand qui, avec ses acolyte, a organisé une embuscade sur la route menant à Aragron. Malheureusement pour lui, il est tombé sur les aventuriers et a essuyer une sévère et brutale défaite. Tous ses compagnons ont été tués. Quant à lui, il a été forcé d’intégrer le groupe pour aller, à son fort défendant, jusqu’à Port-Royal.

⚰️ Tam est une petite fille retrouvée près d’une maisonnette à moitié détruite par les flammes, située à une journée de marche d’Aragron. Elle était prostrée derrière un muret, complètement paniquée. Les héros l’ont recueillie et persuadée de les accompagner jusqu’au village de bucheron. Il est très probable qu’elle ait été mangée par les arachnides lorsque le groupe a été fait prisonnier en arrivant à Port-Royal.

Coeur Vaillant est un célèbre troubadour. Les héros l’ont rencontré , sans lui parler, dans une auberge à Aragron où il a raconté l’histoire des Septs et du roi troll.

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