Evernight – Ep. 05


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Présents : Catulla (X.O.), Hamilton Mc Cormak (Arnok), Locke (Bankace), Odel Razakar (Casa), Aelyn Sombre-Feuille (Chris)

Personnages impliqués : deux chinook, Tam, Ralugon, plein de gens morts.

Ce matin, le soleil ne s’était pas vraiment levé. Les collets posés la veille nous avaient permis de récupérer de quoi manger au moins jusqu’au soir. Toute la journée, la luminosité avait été tout juste suffisante pour que mes autres compagnons puissent voir où ils allaient. Nous étions plongés dans une aube permanente. Le peu de lumière fuyait un peu plus, nous indiquant l’arrivée prochaine de la nuit.

Je décidais de monter le camp et d’aller chasser. Les autres firent de même avec plus ou moins de succès. S’ils ne ramenèrent pas de quoi tous nous nourrir, ce ne fut pas mon cas. Dans un bois, non loin de la clairière où nous nous étions posés, je débusquais un daim que je tuais d’une seule flèche, en veillant à ce qu’il ne souffre pas trop. Je rapportais ma prise, commençais à l’éviscérer, découpais un cuissot que je mis sur les pierres chaude du foyer et confectionnais quelques brochettes pour le repas du soir. L’odeur de la viande grillée remit le moral des troupes au beau fixe. Même Hamilton, encore perturbé par sa difficulté à nouer le contact avec Solace souriait.

Malheureusement, nous n’étions pas les seuls à avoir faim. Alors que je regardais avec impatience les morceaux de viande tourner sur les broches improvisées, un grognement me fit sursauter. Par réflexe, je pris mon arc et j’encochais une flèche. Derrière moi, un énorme ours sorti en bondissant des fourrés. Je décochais un trait qui se ficha dans sa gueule grande ouverte. Je me reculais afin de laisser passer ceux qui se battent au corps à corps.

— Attention un chinook ! criais-je à mes camarades.

Mais ils n’avaient pas attendu mon intervention pour se précipiter sur l’intrus. Hamilton avait déjà sorti son épée et tentait d’entailler le flan du plantigrade qui, à part repousser le chevalier, ne l’attaqua pas vraiment. D’un puissant coup de patte, l’animal fit reculer Hamilton et fondit sur la carcasse du daim. Dans mon dos, un nouveau grognement me fit me retourner. Un autre chinook s’intéressait à notre repas et courrait vers moi. Je tentais de l’éviter, mais je ne pus me sortir de son chemin assez rapidement. Déséquilibrée par ma manœuvre, je chutais lourdement et me cognais la tête sur une branche. Le sang me coula dans les yeux.

— Les brochettes ! s’exclama Locke. Il faut sauver les brochettes.

— Grillons-les ! cria Odel en lançant un éclair sur un des chinooks. Les brochettes, ça sera pour après.

Le vieil homme n’écouta pas le mage et se précipita pour attraper la viande, toujours en train de crépiter dans le feu. Le premier ours prit le daim dans sa gueule, ne demanda pas son reste et laissa son compagnon nous voler le peu de nourriture qui nous avions encore. Il repoussa Locke sans difficulté et se saisit du cuissot dont il ne fit qu’une bouché avant de suivre le premier dans les bois, ne nous laissant que les quelques morceau que Locke avait pu sauver.

Le calme revint. Dépités, nous mangeâmes ce que nous pouvions. Les quelques denrées qui nous restait de la veille nous suffiraient à peine pour aujourd’hui. Demain, j’aurait à prendre sur mes réserves. Comme j’étais la seule à avoir de quoi nourrir tout le monde, nous n’allions pas tenir longtemps. Un peu échaudés par la déconvenue que nous venions de subir, nous organisâmes des tours de garde. Tous réussirent à rester éveillés pour veiller sur ses compagnons.

Au petit matin, avec Hamilton dont l’humeur ne s’améliorait pas, nous partîmes à la recherche de quoi manger. À lui, encore plus qu’aux autres, l’absence de lumière pesait. À notre plus grande joie, nous tombâmes sur un buisson rempli de baies. Nous revînmes au camp, les bras chargés de délicieuses framboises, juteuses et sucrées. Tout le monde était déjà prêt à partir, impatient de rejoindre une Aragron. Nous les mangeâmes sur la route.

Au détour du chemin, une petite fumée attira mon attention. Je demandais à mes camarades de s’arrêter, mais ce fut peine perdue.

— Une fumée dites-vous ? Partons de suite voir ce qu’il en est. Nous devons aider ces pauvres gens !

— Mais non Hamilton ! Tentais-je de lui dire, on ne sait pas ce qu’il se passe ! Il faut aller voir d’abord !

Peine perdue, le chevalier de Solace était déjà hors de vue. Il courrait à grand fracas d’armure vers ce qui s’avéra être une maisonnette en train de bruler. Hamilton se précipita à l’intérieur pendant que Catulla et moi-même partions en faire le tour, camouflées par la végétation.

À l’arrière, une petite fille était recroquevillée sur elle-même, appuyée sur le muret délimitant la parcelle. Catulla me regarda.

— Il faut aller la voir, me murmura-t-elle. On ne peut pas la laisser comme ça. C’est une enfant.

— Oui, vas-y. Je te couvre. Fais attention à toi. On sait jamais.

Je sortis calmement mon arc, encochais une flèche et fis un signe de la tête en signe d’approbation. Cat s’approcha d’elle, mains en avant, paume vers le ciel, vers la petite fille qui se ramassa un peu plus contre le mur. Elle commença à lui parler, doucement, plus encore qu’à son habitude. L’enfant leva ses yeux, remplis de larmes, vers la silhouette rassurante qui s’avançait vers elle.

— N’aie pas peur, mon enfant. 

La petite fille ne répondit pas.

— Comment t’appelles-tu ?

Les lèvres de l’enfant bougèrent, comme pour former des mots, mais rien ne sortit de sa bouche. Odel et Locke qui nous suivaient de prêts approchèrent à leur tour. Ils sortirent doucement de leurs poches les quelques baies qui nous restaient, et les lui proposèrent. L’enfant hésita, les regardant tour à tour, puis tendit la main et porta timidement les framboises à sa bouche. Je quittais le buisson où je m’étais cachée pour aller, moi aussi, à la rencontre de la petite fille. Je remarquais sur sa robe, un nom brodé.

— Tu t’appelles Tam, c’est ça ? demandai-je.

Tam hocha la tête en signe d’approbation. Et le toit de la maison s’écroula.

— Et merde ! … Pardon Solace ! Orcs revenaient si vous êtes des hommes !

C’était Hamilton qui criait depuis la maison.

Nous nous précipitâmes à l’intérieur. Depuis le dessous d’un tas de gravât, protégé par une poutre providentielle, Hamilton pestait. Tout un pan de la toiture ainsi que le mur attenant lui était tombé dessus. Concentrés sur Tam, nous n’avions pas prêté attention à ce que le jeune homme faisait. Il nous dit avoir aperçu des orcs et qu’ils avaient probablement fait s’écrouler le toit pour ne pas avoir à subir le courroux de Solace. Même si je ne doutai de ses allégations, après l’avoir dégagé, je fis un peu de repérage autour de la maison. Et pour être franche, j’aurais largement préféré trouver des traces d’orcs. Au lieu de cela, je découvris des empreintes étranges, circulaires, de trois ou quatre centimètres de diamètre. Le fait de ne pas savoir du tout à quelle espèce elle pouvait appartenir m’inquiétait au plus haut point. En plus de cette immense lance de pierre, plantée au milieu de la plaine, les villages brûlés et le ciel noir, voilà que nous allions avoir à faire à des dangers inconnus. Le souvenir des bêtes qui nous avait fait tant de mal dans les ruines Sa-Karan me fit ravaler ma salive. Que s’était-il donc passé ?

Je revins vers Tam et je m’accroupis devant elle.

— Tam, tu pourrais nous dessiner les choses qui t’ont fait du mal ? lui demandais-je en lui tendant un morceau de charbon.

La petite fille se mit à griffonner sur le muret derrière lequel elle s’était réfugiée avant que nous la trouvions. Quand elle se déplaça un peu sur le côté pour que nous puissions voir son dessin, j’écarquillais les yeux, incrédules. Je regardais Cat, la même inquiétude se lisait sur son visage. Tam venait nous dessiner une bête à huit pattes dotées de deux abdomens et d’une tête, à l’image des fourmis. Quand nous lui demandâmes quelle taille faisait le monstre, elle dut monter sur le mur et se mettre sur la pointe des pieds pour nous la décrire. Ces choses étaient immenses. Si nous devions nous battre contre l’une d’elles, ça n’allait pas être de tout repos.

De leur côté, Locke et Odel avaient fouillé la maison. Ils y avaient découvert quelques ustensiles de cuisine et des épices qui nous permettrait de nous faire plus facilement à manger, des vêtements pour le vieil homme qui commençait a mal supporter la nudité, un nécessaire de couture ainsi qu’une bonne bouteille d’alcool fort. C’est cette dernière découverte qui sembla faire son bonheur. Il était temps de partir pour rejoindre Aragron. Tam nous accompagnerai jusque là bas.

Nous atteignîmes assez vite le Roc du Griffon. Nous étions donc à six heures de cheval d’Aragron, sans montures et avec une enfant. À deux heures de marche, nous avions une infime chance de retrouver nos chevaux et de pouvoir nous déplacer plus rapidement.

— Qu’est-ce qu’on fait ? demandais-je en regardant mes pieds. Dans trois heures, la nuit tombe. Nous n’aurons pas le temps d’atteindre Aragron.

— Le chemin de chèvre est sûrement impraticable après le tremblement de terre. Répondit Catulla. Il n’est pas très prudent de retarder notre arrivée.

— Allons chercher les chevaux, on ne sait jamais. dit Odel.

— Solace nous guidera, même s’il est affaibli, il reste fort. Allons vers les chevaux.

Nous partîmes donc sur le chemin de chèvre. Malheureusement, au bout d’une heure, nous découvrîmes qu’un glissement de terrain nous empêchait de progresser sans avoir à escalader. Nous fîmes demi-tour et revînmes sur nos pas. J’eus l’idée de rejoindre le campement orc où nous avions sauvé les bucherons d’une mort certaine. Nous le retrouvâmes sans aucun problème. Des tentes avaient été emportées, d’autres étaient abimées, mais avec les restes, nous réussîmes à nous faire trois abris. Même si nous eûmes à nous serrer, ce fut une nette amélioration par rapport aux nuits précédentes. Avant de partager les rations de voyage qu’il me restait, je posais quelques collets en espérant attraper de quoi manger demain. Nous organisâmes des tours de garde, et pour la première fois depuis notre sortie des ruines Sa-Karan, nous pûmes profiter d’une bonne nuit de sommeil.

Je me réveillais un peu engourdie. Avant toute chose, je partis vérifier mes pièges. Je fus heureuse de découvrir qu’ils avaient fonctionné. Je fus bonne pour préparer deux lapins, un beau lièvre et un coq de bruyère. Je vidais consciencieusement mes prises et accrochais le tout à un bâton que je fixais à mon sac à dos. Nous aurions de quoi manger le lendemain. Et avec les tentes que nous avions récupérée, nous étions devenus de véritables aventuriers, prêts à affronter n’importe quoi… ou presque.

Nous n’eûmes pas longtemps à attendre avant de tomber sur le premier obstacle. Le pont qui enjambait la Draguiris, la rivière que nous devions suivre jusqu’à Aragron était complètement détruit. Il avait été comme écrasé par un gigantesque pied. Peut-être, un seigneur du froid nous dit Odel. Le lit de la Draguiris n’était pas suffisamment profond pour que l’absence du pont n’ait pas d’autres incidences que celle de nous ralentir et de nous inquiéter encore un peu plus quant à la situation du royaume. Mais ce fut bien pire quand, de l’autre côté, nous découvrîmes un cheval mort déchiqueté et gisant à ses côtés, le corps d’un nain. Les deux étaient en partie dévorés. Nous reconnûmes immédiatement Ralugon, le chef des Briseurs de Golem. Je ne pus m’empêcher de pleurer. Tous, nous étions affectés. Si un tel héros avait pu succomber, comment allions-nous pouvoir survivre ? Comme pour Trabian, je pris l’anneau du mort. Nous déplaçâmes ses restes pour le poser sur le dos au bord du chemin, son marteau sur la poitrine tenue par ses bras croisés. Tant bien que mal, nous lui confectionnâmes un tumulus.

— Tu es un homme de foi Hamilton, dit quelques mots pour lui. demandais-je à Hamilton, la voix chevrotante.

Le jeune chevalier se pinça les lèvres, me regarda et acquiesça. Il s’approcha du tumulus, la tête baissée, les poings serrés.

— Ralugon, nous t’honorons aujourd’hui. Solace t’honorera demain. Ta mort ne sera pas vaine, nous te le promettons. Solace t’accueillera comme un des siens, dans sa lumière et grâce à toi, éclairera notre monde. Repose en paix, héros parmi les héros. Repose en paix et dans la lumière de Solace.

Et le silence se fit. Seul le vent faisant claquer les étoffes de nos vêtements trahissait notre présence. C’est sans bruit que nous nous éloignâmes de la sépulture. 

Nous marchâmes ainsi pendant presque deux heures. La nuit tombait déjà. La pénombre pesante laissa sa place à l’obscurité totale. Alors que nous étions plongés dans nos pensées, encore marqués par la découverte de la mort de Ralugon, Locke nous arrêta.

— Stop. Là, dans les arbres. Un reflet. J’ai vu trois yeux.

— Oui, il y a des animaux. Normal dans les arbres non. On continue ?

— Non, mais Aelyn, c’est peut-être quelque chose d’important. Tu ferais mieux d’aller voir, tu crois pas ?

— Je peux y aller à votre place si vous préférez, dame Aelyn. Je suis plus à même de me défendre en cas d’attaque. Et Solace me protège, je ne cours donc aucun risque.

— Oui, Solace aussi protégeait Trabian. fit remarquer Odel.

— Non, n’y va pas Hamilton. Tout ce que tu vas réussir, c’est à faire fuir l’animal s’il y’en a un. C’est bon, j’y vais. Cachez-vous sur l’autre bord du chemin, on ne sait jamais. Si ce truc est agressif, je préfère qu’il ne vous voie pas, je voudrais pas avoir vos morts sur la conscience. Hamilton, je te les confie.

— Je vous vouvoie mademoiselle, il me semble.

Sans lui répondre, je me faufilai dans les buissons à une centaine de mètres de l’endroit où Locke avait vu son monstre. Petit à petit, sans faire de bruit, je me rapprochais de la zone où j’étais censée trouver quelque chose. Mais rien. Même pas la moindre trace de pattes. Je haussais les épaules et revins vers mes compagnons.

— C’est bon, il y a rien. C’est surement la pénombre qui t’a joué des tours, vieil homme.

— Non, c’est sûr, jeune fille. J’ai bien vu quelque chose.

— Il y avait rien qui ressemblait à un animal avec des yeux en tout cas. Dans le doute, on va continuer à marcher dans les fourrés.

— On ne devrait pas plutôt avancer sur le chemin, là où il n’y a rien au-dessus. S’il y a quelque chose, on le verra venir comme ça. Proposa Catulla avec sa petite voix.

— Tout compte fait, j’ai changé d’avis. Je pense qu’il serait plus prudent de marcher sur le chemin. Comme ça, s’il y a quelque chose, on le verra venir. Suivez-moi. Dis-je en faisant mine de ne pas avoir entendu.

Nous reprîmes notre marche jusqu’à atteindre Aragron. Nous nous arrêtâmes à une centaine de mètres du village. La fumée, l’odeur de brulé, les lueurs rougeâtres firent s’évanouir tous nos espoirs de repos. La grande porte était grande ouverte, la palissade défoncée. Dans les rues, les corps déchirés se vidaient de leurs fluides. Certains étaient percés de trous béants laissant apparaitre les interstices laissés par leurs organes manquants. D’autres portaient des traces de brulures, comme s’ils avaient été frappés par la foudre. Le sol était gluant, la terre se mélangeait au sang rouge des villageois à celui, vert, de leurs assaillants. Je ne pus m’empêcher de vomir tant la vision était apocalyptique. Puis je repris mes esprits. Sous l’arche de la grande porte, en quittant la bourgade, des chariots chargés avaient laissé des traces dans la boue.

Episode 6

Dramatis Personae

Bareena est une aventurière dératisatrice. Les héros l’ont rencontrée dans les égouts de Port-Royal alors qu’elle était entrain de se débarrasser de nuées de rats. Ils l’ont aidée dans sa tâche. Elle connait Albian Galstaf et leur a indiqué où il était parti.

Les héros ont rencontré Saler Falon alors qu’il gardait la palissade à Aragron. C’est un ancien chevalier rouge. Il a perdu son bras au court d’une aventure et a été soigné dans le village où il habite aujourd’hui.

Jacob Galstaf est le premier commanditaire des héros. C’est un riche marchand d’épices, très proche de la noblesse de Port-Royal. Il a fait passer une annonce discrète à laquelle ils ont répondu.

⚰️ Trabian Galstaf est le fils de Jacob Galstaf. Il était membre des Cavaliers Écarlates. Les héros l’ont retrouvé mort dans d’anciennes ruines Sa-Karan. Il a vraisemblablement perdu la vie en combattant des espèces de tripodes arachnéens. Aelyn a récupéré sa chevalière portant les emblèmes de sa famille.

Émile Keswraith est un prospecteur nain. Il a indiqué aux héros où se trouvait les ruines Sa-Karan qu’Albian Galstaf cherchait à explorer.

Simon Rothleg est le secrétaire particulier des Galstaf. C’est lui qui a expliqué au héros en quoi consistait leur première mission. Il semble désinvolte, souriant et avenant.

Jonasz Skulf tient le bar de la célèbre taverne de Port Royal l’Ombre du Roi.

⚰️ Ralugon est un nain à la réputation jovial. Il est le chef des Briseurs de Golem. Les héros l’ont croisé au début de leurs aventures alors qu’ils se rendaient à Aragron. Ils ont ensuite retrouvé son corps, à moitié dévoré au pied du pont enjambant la rivière non loin du village de bucheron. Aelyn a récupéré son anneau pour attester l’avoir trouvé. Un tumulus a été érigé en son honneur. 

Tam est une petite fille retrouvée près d’une maisonnette à moitié détruite par les flammes, située à une journée de marche d’Aragron. Elle était prostrée derrière un muret, complètement paniquée. Les héros l’ont recueilli et l’ont persuadée de les accompagner jusqu’au village de bucheron.

Coeur Vaillant est un célèbre troubadour. Les héros l’ont rencontré , sans lui parler, dans une auberge à Aragron où il a raconté l’histoire des Septs et du roi troll.

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