Evernight – Ep. 18


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Présents : Catulla (X.O.), Meilir (Sélène), Odel Razakar (Casa), Aelyn Sombre-Feuille (Chris)

Absents : Altaïr (Glen), Hamilton Mc Cormak (Arnok)

Personnages impliqués : un elfe bras droit de l’autorité, un inconnu et des corps gisant au milieu des algues.



17 jours.

Les oranges distribuées et discours terminés, nous revînmes à la tente d’Aden afin de lui faire un rapport sur notre voyage. Comme la fois précédente, les gardes nous laissèrent passer sans broncher. Aden était assis sur son bureau. À notre entrée, il nous montra des sièges et nous invita à nous assoir.

— Merci d’avoir ramené tous ces fruits jusqu’au camp. Mais je suis quand même étonné. La ferme d’Holdam n’est pas si loin, qu’est-ce qui vous a retenu ?

— Vous nous en voyez désolés, mais nous avons dû faire quelques détours. Répondit Cat en hésitant.

— La ferme était occupée. On a dû combattre des maîtres, pas mal d’arachnéens. Ça a été compliqué. Il y avait même des arbres bizarres qui nous ont attaqués.

— Comment ça des arbres vous ont attaqué ? s’étonna Aden.

— Ouais, je sais, c’est bizarre. Même moi, j’ai du mal à me croire quand je le dis. Ces arbres étaient dans l’espèce de patio dans la ferme.

— Ce n’est pas des arbres de chez nous. Je n’ai jamais vu ça dans nos vergers. Précisa Cat.

— C’est une plante grimpante sans intérêt. Souffla Odel.

— Et que faisait le maître à cet endroit ?

— Les maîtres, insistais-je. Je ne sais pas vraiment. Ils devaient chercher des choses en rapport avec les détenus. Enfin, les malades ou les pensionnaires. Bon, ils n’avaient pas l’air d’être tous là-bas de leur propre volonté. Bon, bref. Ou peut-être qu’ils cherchaient de la nourriture, parce que c’est quand même…

— Il y avait un laboratoire dans les sous-sols. Me coupa Cat.

— Et sûrement pour le laboratoire du sous-sol. Ajoutais-je.

— Ils essayaient d’y faire pousser des choses de chez eux pour faire des potions avec.

— Et vous l’avez détruit évidemment.

— En tout cas, certains d’entre nous ont fait exploser des champignons et ça a forcément tout détruit. Mais on a pas détruit la ferme. Les orangers sont encore productifs.

— Je parlais bien du laboratoire.

— Évidemment, pourquoi aurions-nous fait autrement ? répondit Odel en croisant les bras.

— Parfait. Bien, pas de mauvaises rencontres ?

Je ne sus pas trop comment répondre à cette question. Devais-je parler des orcs ? Je n’avais pas le sentiment qu’il s’agissait d’une mauvaise rencontre, mais les réactions de Lord Herrek concernant les traitres ou quand les réfugiés malades avaient vivement protesté lorsqu’ils s’étaient rendu compte que les pommes étaient gâtées me criaient qu’il valait mieux être prudente et peut-être ne pas tout dire. Je regardais intensément Catulla pour tenter de savoir ce qu’elle en pensait.

— Nous avons croisé d’immenses créatures. Mais nous les avons soigneusement évitées. Elles étaient bien trop grandes pour nous,

— Ouais, des bestioles de bien trois ou quatre mètres de haut. Elles exploraient la plaine. Les éviter nous a obligés à ralentir notre progression et nous a pas mal retardés. On a perdu un de nos compagnons d’ailleurs. Ça nous a rendus vraiment tristes.

— Oui, d’ailleurs, qu’est-il arrivé au vieux Locke ?

— Il est mort, tué par un Chinook répondais-je sans mentir.

Aden se détourna de nous pour fixer Meilir. Je me retournais vers elle pour qu’elle se présente, mais la jeune femme ne broncha pas. C’était visiblement son mode de communication. Cela n’allait pas être simple. Devant ce silence gênant, je finis par reprendre la parole.

— Ah oui. Vous vous demandez qui c’est ? Je vous présente Meilir. On l’a rencontré dans les tunnels. Elle a été capturée par un groupe de traitres. Ah oui, tiens, il faut qu’on vous parle de ça aussi.

— Mais peut-être plus tard non ? proposa Cat.

— Non, on lui en parle maintenant, c’est mieux. Donc, elle a été capturée par des traitres. On l’a sauvé d’un destin funeste, voire pire que ça, puisque les hommes qui la détenaient voulaient la faire “passer à la casserole”. On a pas fait la même erreur que la dernière fois, on ne les a pas laissé ligoter sur place, on les a pas laissés à la merci du seigneur des rats, on les a éliminés. Ils ne captureront plus personne.
Pendant que je racontais, Aden restait le regard fixé sur Meilir. Surement gênée par cette attention toute particulière, Meilir remit sa capuche en place et camoufla ses mains pâles en les coinçant entre ses cuisses.

— Meilir a tué le chef des traitres. Ajoutais-je devant le regard insistant d’Aden. En plus, elle a la maladie de la peau de lune. On a aucune raison de pas lui faire confiance.

— Très bien. Je reviendrais sur votre cas mademoiselle. Puis marquant un arrêt, Aden ajouta. Il me semble tout de même qu’il manque quelques jours dans votre récit.

Ne sachant pas trop quoi faire, je regardais à nouveau plusieurs fois Cat. Nous avions réussi à contourner la question des orcs une première fois.

— Nous avons dû faire un détour par chez les orcs. Dit enfin Catulla.

Enfin, l’abcès était percé.

— Pardon ? Qu’est-ce que vous entendez par « chez les orcs » ?

— Et bien, c’est simple. En sortant de la ferme, on a été abordé par une armée d’orcs qui nous ont demandé de les suivre.

— Hein ?

— Comme ils étaient vraiment très nombreux, on les a suivis.

— Nous ne pouvions pas refuser, ajouta Cat.

— Les orcs ont envoyé une armée pour vous parler ?

— Oui, dit comme ça, ça paraît impressionnant, mais ça l’est. Ils ne nous ont pas attaqués, ils ont même proposé de nous aider à porter les oranges. Je sais, c’est bizarre. On a même eu un entretien avec Kargan. C’est le roi des orcs.

— C’est son fils qui dirigeait l’armée. Il parlait notre langue. Nous l’avons parfaitement compris.

— Enfin, il essayait de parler. C’était plus qu’approximatif. Précisa Odel.

— Des orcs qui parlent notre langue ?

— Faut pas exagérer. Un seul orc parlait notre langue.

— Et vous dites que les orcs ont un roi ?

— Ouais, ils ont une ville aussi. Ils nous ont accueillis et ils nous ont fait passer les épreuves de la femme rouge.

— Nous les avons d’ailleurs réussis haut la main. Ajouta le mage.

— C’est d’ailleurs pendant ces épreuves que Lock a perdu la vie.

— En combattant vaillamment contre des chinooks dis-je tristement.

Aden posa les coudes sur la table pour se masser les tempes. Sans nous regarder, il se mit à réfléchir à haute voix.

— Vous dites qu’ils vous ont fait passer les épreuves de la femme rouge. Ils parlaient de Tariane ?

— Oui. répondit laconiquement Cat.

— Mais comment ces sauvages peuvent-ils être au courant de l’existence de Tariane ? Enfin, ça n’a pas de sens.

— Selon eux, nous avons seulement oublié que les orcs étaient la cinquième race à avoir combattu contre les arachnéens.

— J’ai fait le rapprochement, quand il nous a parlé de la dame rouge, avec la statue qu’on a découverte dans les catacombes quand on est allé visiter le tombeau de Tragor où il y avait une statue détruite.

— Vous insinuez que cette statue représentait un orc ?

— Oui, tout à fait, affirma Cat. Les orcs seraient le cinquième peuple. Et ils sont prêts à remettre le couvert pour une grande alliance afin de nous aider à botter le cul des envahisseurs.

Je fus quelque peu surprise par la manière de parler de Cat, mais je ne pus que hocher la tête en signe d’assentiment.

— Ils nous d’ailleurs proposé de nous aider à reprendre Port-Royal.

— Vous voulez dire que nous vous envoyons chercher des oranges et que vous revenez avec une proposition d’alliance en provenance des orcs ?

— C’est quand même beaucoup que ce que vous nous aviez demandé au départ. D’autant plus qu’on a aussi ramené des oranges. Je trouve que j’ai assuré la mission avec brios.

— Nous n’avons évidemment rien accepté. C’est à vous de prendre la décision. Nous ne sommes que des messagers.

— On n’a rien accepté, hein. De toute manière, ils ont dit que même si l’oiseau ne revenait pas, ils attaqueraient dans dix-sept jours.

— Okay… super… de toute façon, ils attaqueraient dans dix-s… bien.

— Je vous laisse en parler à Lord Herrek, ajoutais-je voyant que cette révélation troublait Aden.

— Oui, oui… évidemment. Il aurait peut-être fallu commencer par là en fait. Soit.

— Bah, pour tout dire, je savais pas trop comment vous prendriez la nouvelle. J’ai commencé par le moins étrange. Mais ça donne de l’espoir quand même.

— Ils étaient nombreux et organisés. Ils ne sont pas aussi violents et sauvages que ce que nos histoires racontent.

— Les orcs résistent à la magie des maîtres. Assena Odel.

— Ils nous ont même donné des pierres sa-karan. Dis-je en dégrafant ma tunique pour lui montrer ma poitrine.

S’en suivit un silence gêné que je ne compris pas.

— Remets ta tunique Aelyn, c’est gênant. Me murmura Cat, rouge comme une pivoine.

— Bah pourquoi ? Hamilton se balade bien torse nu lui ?

— Oui, mais c’est pareil.

— D’accord, c’est donc plutôt une bonne nouvelle, continua Aden l’air de rien.

— Ils ne peuvent pas être contrôlés mentalement, ajouta Odel comme si le reste de la conversation n’avait pas eu lieu.

— En tout cas, je suis sûr que les orcs ont dit la vérité. Je sais détecter les mensonges, et j’en suis certaine, Kargan ne mentait pas.

— Il faut donc être prêt dans dix-sept jours.

— Ou avant, précisa Cat.

— Et comment les prévient-on ? Demanda Aden.

— Avec ça, répondit Odel en se contentant de montrer la cage du choucas.

— Je ne sais pas comment la population va prendre cette nouvelle, mais elle est d’une importance capitale.

— Si ça peut aider, vous pouvez leur dire qu’ils auront à leurs côtés des héros qui ont vaillamment passé les épreuves de la femme rouge. Dis-je en montrant mes compagnons un par un.

Aden ne réagit pas à ces paroles. Cela me perturba quelque peu, mais je remarquai vite que l’ancien bibliothécaire s’était plongé dans une intense réflexion. Il finit tout de même par hocher la tête et se tourner vers Meilir.

— Mademoiselle, si je puis me permettre, comment avez-vous pu survivre trois mois seule dans les tunnels ? J’ai confiance en ces gens, je ne remets pas en cause leur jugement.

— Beaucoup de chance. Il en faut. La solitude, c’est plus discret que quand on est dans un groupe.

— Les tunnels du roi restent un endroit dangereux où se reposer peut être fatal.

— La chance seulement ? demanda Cat étonnée. Vous vous êtes pourtant débarrassée du chef de vos ravisseurs.

— Est-ce que j’ai l’air de quelqu’un qui eut le temps de se reposer ?

— Mais vous avez tué le chef. Insista Cat.

— Il faut parfois savoir dépasser ses appréhensions.

Je n’étais pas sûre d’avoir compris sa réponse. J’avais plutôt l’impression que Meilir avait éludé la question. Mais qu’importe, elle était des nôtres maintenant. Parce que oui, ma décision était prise. Meilir serait une déchainée.

— À ce propos, est-ce que vous pourriez m’en dire plus sur le chef en question ? C’est d’ailleurs vous qui l’avez tué si j’ai bien tout suivi.

— Disons qu’il s’est approché un peu trop de moi et qu’il n’avait pas pris la précaution de me désarmer. Je n’ai pas réfléchi. J’ai sorti mon épée.

— Ils voulaient la faire « passer à la casserole ». Insistais-je.

— C’était des cannibales ? Ajouta Odel content de sa plaisanterie.

— Que faisiez-vous à Port-Royal ?

— Et bien, j’y suis né. Les évènements ont fait que j’ai dû fuir. Je ne sais pas depuis combien de temps j’ai erré dans les tunnels en espérant trouver âmes humaines

— Vous êtes bien tombée… enfin, en ce qui concerne le deuxième groupe. Bien, je vais en parler au conseil de guerre.

— Je suppose que vous avez besoin qu’on vous accompagne pour qu’on raconte tout ça ?

— Je ferais mon propre rapport. Vous avez bien mérité un peu de repos. Vous avez parlé de matériel. Est-ce que vous avez besoin qu’on vous aide ?

— C’est à quelques heures de marche. Mais nous accepterions toute aide que vous pourriez nous fournir.

— Il faudrait qu’on passe voir Sarah aussi parce qu’on a encore quelques traces de nos combats héroïques.

Nous fûmes invités à sortir de la tente. Odel et moi partîmes voir la prêtresse à la tente de Solace. Dame Sarah ayant été convoqué par Lord Herrek, nous ne fûmes qu’être examiné. Soigner nos vieilles blessures demandera la présence de toutes les ressources disponibles. N’ayant rien d’autre à faire, je décidais de tout faire pour mettre Meilir dans de bonnes conditions. Je lui préparais son coin à elle afin qu’elle puisse s’isoler vu qu’elle semblait en avoir régulièrement besoin.

Pendant ce temps, Cat accompagna Meilir pour visiter le camp. Elle profita de l’occasion pour lui expliquer les difficultés des adeptes de Solace pour bénéficier des bienfaits de la divinité, que s’ils avaient bien essayé de soigner les malades de la peau de lune, ils n’y étaient jamais parvenus. Alors qu’elles passaient près du marché, Meilir crut reconnaitre quelqu’un.

— Est-ce que tu sais qui c’est ? demanda-t-elle à sa guide

— Non, désolée, ça ne me dit rien du tout. J’ai l’ai peut-être croisé au camp, mais je n’en sais pas plus.

— Ça t’embête qu’on revienne sur nos pas ?

— Tu veux qu’on le suive ?

— Oui, faisons mine de rentrer à la tente et suivons-le discrètement.

Après quelques détours dans le camp, il s’assit près des zones de restauration et commença à couper du poisson.

— C’est sûrement une tâche communautaire. Proposa Cat visiblement intriguée par la réaction de Meilir.
— C’est peut-être mieux de rentrer à la tente.
Quand les deux filles arrivèrent à la tente, j’accueillis Meilir avec un grand sourire. Je lui montrais la petite alcôve réalisée avec quelques tissus.
— Voilà, c’est ton coin Meilir. Bienvenue chez les déchainées. C’est chez toi maintenant. Dis-je non sans fierté.

Meilir me regarda en levant un sourcil. Pour la première fois, je la vis esquisser un sourire. Ce fut bref, mais le contraste avec son attitude habituelle me fit comprendre qu’elle acceptait ma proposition.

Je n’eus que quelques heures à attendre avant que Tam nous apporte un message de Sarah nous invitant à la rejoindre à la tente de Solace. La jeune fille nous fit la bise et se serra contre Cat et moi. Meilir fut touchée par le geste. Je pris Tam dans les bras, je fis signe à Odel de me suivre et nous nous dirigeâmes tous ensemble vers le temple improvisé. Meilir, en tant que nouvelle déchainée, fit partie du convoi.


16 jours

Le lendemain, je décidais d’aller chercher le matériel que nous avions laissé dans les tunnels. Les porteurs promis par Aden arrivèrent comme prévu à notre tente. Voyant le matériel déjà amassé dans la tente, Meilir s’interrogea.

– Est-ce que c’est vraiment utile d’y aller tout de suite ?

– Il faudrait aller le chercher avant que ça disparaisse. Répondit Cat.

– Il ne faudrait pas que quelqu’un trouve tout ça avant nous.

– Retournez dans les tunnels alors qu’on a déjà tout ça ?

– Ah, mais t’inquiètes pas, on sera là nous. On te protègera.

– Il ne faudrait pas mieux des combattants pour nous accompagner ?

– Mais pourquoi faire ? demanda Cat.

– Si on fait des mauvaises rencontres, il vaudrait mieux que nous ayons une véritable escorte non ?

– Bah… euh… on est l’escorte en fait. Répondis-je en haussant les sourcils d’incompréhensions.

Nous rentrâmes avec tous le matériel et je l’ajoutais à notre stock. Toujours étonnée par cet amoncellement d’objets. Meilir leva un sourcil. Je la regardais. Il y eut un silence. Meilir fit mine de commencer à parler. Elle pince le bord de sa manche. Elle me regarda à nouveau. Puis après une longue hésitation, elle prit enfin la parole.

– Qu’est-ce que vous comptez faire de tout ça ?

– Nous allons les distribuer aux réfugiés quand il sera temps de se préparer au combat.

– Et quand allons-nous faire ça ?

– bah, la veille de l’attaque. Répondis-je toujours étonnée

– Mais quand aura lieu l’attaque ?

– Euh… le lendemain de l’envoi de l’oiseau.

– Mais vous êtes sûr qu’Aden vous avertira ?

– Bah oui, on est des gens importants, il nous le dira forcement. Dis-je en haussant les épaules.

– Vous peut-être, mais moi non.

– Et bien, figure-toi que maintenant, tu fais partie des déchainées, tu es donc quelqu’un d’important.

– Mais vous avez fait rentrer quelqu’un qu’ils n’en connaissent pas dans le groupe. Je ne suis pas sûre qu’ils ne se méfient pas.

– Oh non, t’inquiète surtout pas. On a confiance en toi et notre parole leur suffit. Franchement, quand on leur dit quelque chose, ils nous écoutent attentivement et ils comprennent vite que leur intérêt est d’être d’accord avec nous. L’expérience montre que mes décisions ont toujours été les bonnes.
Je me rendis compte que j’avais peut-être été un peu trop autoritaire et Meilir rentra la tête dans les épaules, visiblement impressionnée. Je pris Cat à part. Je posais une main sur son épaule et la regardait en face.

– Ça ira tu verras, elle prendra conscience qu’elle fait maintenant partie d’un groupe de héros exceptionnels.

J’attendis en vain la réponse de Cat. J’ouvrais la bouche pour ajouter quelque chose, mais me ravisais. Je n’avais pas forcément besoin d’en dire plus.


15 jours

Un message arriva dès le matin nous porter un message de la part d’Aden. Sans le regarder, je lui donnais une pièce sans le regarder. Le bras droit de Lord Herrek nous convoquait dans ses quartiers. Je me mis sur mon trente-et-un. Si le capitaine de la garde du roi se montrait, il fallait que je fasse honneur à mon nouveau statut. Comme attendu, les gardes royaux nous laissèrent passer. L’elfe était malheureusement seul dans sa tente.

– Bienvenue. Asseyez-vous. Lord Herrek vous envoie ses sincères remerciements. Asseyez-vous. Prenez donc une infusion. Comment allez-vous ?

— Bien et vous ? répondis-je en souriant.

— Nous avons commencé à planter les bases d’un plan. Mais nous aurions besoin de quelques ingrédients supplémentaires. Annonça Aden confirmant l’importance que nous avions. J’entendis presque Cat dire à Meilir « Tu vois, nous te l’avions bien dit ». Êtes-vous prêts à repartir en mission.

— Évidemment. Cat et moi répondîmes en cœur.

— Est-ce que vous avez entendu parler d’un poisson qui s’appelle le Gulper ?

— Aucun intérêt, répondit succinctement Odel comme à son habitude.

— Ouais, c’est d’un gros poisson avec pleins d’yeux. Ça mesure au moins cinq mètres de long. Les voyageurs qui rentraient au village nous en parlaient dans leur histoire.

— Il a des tentacules autour de la bouche. C’est assez ragoutant. Ajouta Meilir.

— Ouais, c’est un truc qu’on connait bien chez les elfes.

— Dans la forêt ? fit remarquer Meilir avec une moue incrédule.

— Non, pas dans la forêt. C’est les histoires qu’on raconte dans la forêt. Ça vit dans la mer. Répondis-je.

— Ils vivent normalement au large. Continue Aden, mais parfois, pour se nourrir, ils doivent venir…

— … dans la forêt. Le coupa Meilir.

— Non, non. Ils viennent près des cotes et même parfois dans les tunnels inférieurs. Leur chair est empoisonnée, mais avec ses yeux, on peut confectionner des potions qui permettent de voir dans le noir. Si nous en avions suffisamment, nous pourrions faire la différence. Si vous pouviez en trouver un, ça nous rendrait vraiment service.

— On a vraiment besoin de faire ça ? murmura Meilir à l’adresse de Cat.

— Oui, c’est pour la reconquête.

— La reconquête de qui ?

— De la surface ?

— Oui, mais là, c’est de qui qu’il parle ?

— Euh… Aden ?

— Au nom de qui ?

— Bah, au nom de Lord Herrek. C’est la seule autorité qu’il reste dans le coin.

— Ah OK.

Percevant l’intention de certains membres des déchainées, Aden, c’était arrêté de parler. Le regard fixé sur Cat et Meilir, il reprit sa respiration et continua son discours.

— Est-ce que vous vous sentez capable d’aller chercher ces poissons ?

— Bien sûr, répondis-je ne comprennent pas comment il pouvait douter à ce point de nos capacités.

— Bien. Nous pouvons vous fournir un sac de musc de poissons afin de faire appas. Normalement, en deux ou trois heures, vous devriez voir apparaitre un gulper. Les pêcheurs m’ont assuré que c’était efficace. Peut-être auriez-vous besoin de matériel.

— Oui, nous aurions besoin de harpons, réclama Cat après quelques réflexions.

— Et des filets aussi, ajouta Meilir.

— Nous n’avons pas de filet disponible malheureusement. Méfiez-vous quand même, ces animaux sont dangereux.

— On vous rendra le matériel qu’ils soient abimés ou pas, répondit Meilir.

— Ce n’est pas pour le matériel que je m’inquiète, mais pour vous. À part la disparition tragique du vieux Locke, vous avez été plus efficace jusqu’à présent. J’ai une totale confiance en vous.

— Tu vois, je te l’avais dit, dis-je en me retournant, il a une totale confiance en nous.

— Nous vous proposons trois cents soleils par œil de récompense. Bien sûr, quand nous aurons fait la décoction, vous aurez le droit à vos doses.

Aden nous tendit l’appât nous indiquant ainsi que la réunion avait pris fin.

Nous nous équipâmes et partîmes récolter les précieux yeux de gulper pour partir au plus vite pour attendre les tunnels inférieurs. Alors que nous avancions dans les cavernes humides, Hamilton tendit son épée. Devant nous, plusieurs corps gisaient sur le sol.

➵ Episode 19


Dramatis Personae

Aden est un ancien bibliothécaire de Mirzidor. Dès les premiers jours, il reçoit les héros pour que ces derniers lui expliquent ce qu’ils ont vu. La discussion avançant, ils arrivent ensemble à la conclusion que les envahisseurs étaient là avant que le pic ne tombe. C’est lui qui leur donne aussi leur première mission : aller récolter des algues vertes au sein même du territoire des trolls des mers.

Bareena est une aventurière dératisatrice. Les héros l’ont rencontrée dans les égouts de Port-Royal alors qu’elle était entrain de se débarrasser de nuées de rats. Ils l’ont aidée dans sa tâche. Elle connait Albian Galstaf et leur a indiqué où il était parti.

Coeur Vaillant est un célèbre troubadour. Les héros l’ont rencontré , sans lui parler, dans une auberge à Aragron où il a raconté l’histoire des Septs et du roi troll.

Dara est la compagne de Ralugon. Les aventuriers l’ont rencontré la première fois au camps de Port-Royal alors qu’ils lui rapportaient l’anneau du nain autre fois chef du groupe des Briseurs de Golems.

⚰️ Émile Keswraith est un prospecteur nain. Il a indiqué aux héros où se trouvait les ruines sa-karan qu’Albian Galstaf cherchait à explorer. Il a été trouvé mort à Aragron, gisant au coté du corps de Saler Falon.

Giniane est un prêtre de Solace d’une trentaine d’années. Il officie dans le camp de réfugiés situé sous la ville de Port-Royal.

Gralène est un ancien officier de la garde. Le groupe l’a rencontré alors qu’ils démontaient le manoir des Galstaf. L’homme aux cheveux grisonnant leur a donné de quoi manger et leurs a expliqué le sort réservé aux faibles. Les vieux et les enfants ont tout simplement servi de nourriture aux envahisseurs. Il a été libéré de ses chaînes en même temps que les aventuriers.

Grok est le fils de Kargan, le roi des orcs. Il a demandé avec force arguments à ce que les héros les rejoignent pour reformer l’alliance que Tariann avait déjà conclue lors de l’invasion précédente. Bien qu’indécis, les aventuriers finirent par être convaincus par la présence d’une centaine de ses congénères et de quelques ogres. Ils ont suivi leurs nouveaux amis jusqu’au mont effroyable où le peuple orc a construit une véritable cité. Il a convaincu son père que les aventuriers étaient peut-être capables de passer les épreuves de la femme rouge et être dignes de combattre aux côtés des orcs.

Aussi appellé « Le Loup », lord Herrek est le champion du roi. Il a lancé la résistance en créant un camps de réfugié dans une immense grotte situé sous la ville de Port-Royal. Les aventuriers se sont mis à son service à leur arrivée dans le camp. Des rumeurs cours à son sujet. Il aurait été capturé par les Maîtres et aurait tenté de tuer le roi. On raconte même qu’il serrait toujours controlé par les ennemis.

Jacob Galstaf est le premier commanditaire des héros. C’est un riche marchand d’épices, très proche de la noblesse de Port-Royal. Il a fait passer une annonce discrète à laquelle ils ont répondu.

Jonasz Skulf tient le bar de la célèbre taverne de Port Royal l’Ombre du Roi.

Kargan est le roi des orcs et père de Grok. Il n’était pas forcément très confiant quant à la possible réussite des héros au court des épreuves de la femme rouge. Devant l’insistance de Grok, il finit par accepter que les Déchaînés soient candidats.

Parapuce est magicien de Mirzidor tout comme Odel. C’est un membre du groupe d’aventurier des « Massacreurs d’araignées ». C’est l’unique personne dans le camp de réfugié à pouvoir identifier des objets magiques.

⚰️ Simon Rothleg est le secrétaire particulier des Galstaf. C’est lui qui a expliqué au héros en quoi consistait leur première mission. Il semble désinvolte, souriant et avenant. Son corps a été retrouvé dans les gravas du manoir de ses anciens employeurs.

Rada est une prêtresse de Solace d’une vingtaine d’années. Elle officie dans le camp de réfugiés situé sous la ville de Port-Royal.

⚰️ Ralugon est un nain à la réputation jovial. Il est le chef des Briseurs de golems. Les héros l’ont croisé au début de leurs aventures alors qu’ils se rendaient à Aragron. Ils ont ensuite retrouvé son corps, à moitié dévoré au pied du pont enjambant la rivière non loin du village de bucheron. Aelyn a récupéré son anneau pour attester l’avoir trouvé. Un tumulus a été érigé en son honneur.

⚰️ Reg est un brigand qui, avec ses acolytes, a organisé une embuscade sur la route menant à Aragron. Malheureusement pour lui, il est tombé sur les aventuriers et a essuyé une sévère et brutale défaite. Tous ses compagnons ont été tués. Quant à lui, il a été forcé d’intégrer le groupe pour aller, à son fort défendant, jusqu’à Port-Royal. Reg est mort, en combattant aux côtés des héros, lors de la première mission confiée par Aéden.

Romwind est une guerrière membre des Briseurs de golems. Les aventuriers l’ont rencontré la première fois au camps de Port-Royal alors qu’ils rapportaient l’anneau de Ralugon.

⚰️ Les héros ont rencontré Saler Falon alors qu’il gardait la palissade à Aragron. C’est un ancien chevalier rouge. Il a perdu son bras au court d’une aventure et a été soigné dans le village où il habite aujourd’hui. Son corps a été découvert dans la salle principale de l’auberge d’Aragon.

Sarah est une prêtresse de Solace. Elle dirige le culte dans le camps de réfugiés situé sous la ville de Port-Royal. C’est elle qui a permis à la résistance de libérer les aventuriers du joug des Maîtres.

Tam est une petite fille retrouvée près d’une maisonnette à moitié détruite par les flammes, située à une journée de marche d’Aragron. Elle était prostrée derrière un muret, complètement paniqué. Les héros l’ont recueillie et persuadée de les accompagner jusqu’au village de bucheron. Alors que tout le monde la croyais morte, elle surgit de nul part dans le camps de réfugiés sous Port-Royal.

⚰️ Trabian Galstaf est le fils de Jacob Galstaf. Il était membre des Cavaliers Écarlates. Les héros l’ont retrouvé mort dans d’anciennes ruines Sa-Karan. Il a vraisemblablement perdu la vie en combattant des espèces de tripodes arachnéens. Aelyn a récupéré sa chevalière portant les emblèmes de sa famille.

Trévor Galstaf est le frère de Jacob. C’est un chevalier rouge travaillant au côté de Sarah dans le camp de réfugié de Port-Royal. Les aventuriers lui ont remis la chevalière de son neveu Trabian. Il a offert une épée longue enflammée à Hamilton.

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